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pres, loin que de la littérature, de stendhal à thomas bernhard aller au contenu accueil ← articles plus anciens le chemin de marcel aymé publié le 9 juillet 2018 par pauledel quand céline vocifère et éructe dans ses romans, son ami marcel aymé(1902-1967), depuis ce même village de montmartre, observe des gens ordinaires mis une situation extraordinaires. dans « le chemin des écoliers », l’extraordinaire, c’est l’occupation ,et l’ordinaire ce sont les vie des gens de son quartier, professeurs, employés ,gérants d’immeubles, juive mal cachée, un inspecteur à la retraite qui arrondit ses fins de mois en rédigeant les devoirs de français de lycéens riches… mais aussi jeune épouse de prisonnier en quête de chair fraiche. ce « chemin des écoliers » un de ses meilleurs romans (1946).il fut donc écrit donc » à chaud .il offre une galerie de parisiens anonymes confrontés à la faim, à la délation,aux exigences du couvre feu..le roman n’offre pas de grandes figures de résistants, ni d’infâmes salauds grand format,. l’auteur tricote au petit point et accumule patiemment,comme croqués sur le vif des personnages à conduites biaisées,complexes,glissantes, pris dans des contradictions,saisis par des coups de gueule,des vantardises, de subites abnégations, ou des méfiances et bouffées paranoïaques incontrôlables . entre deux belotes ces parigots passent du mutisme au bobard , du larmoyant au vociférant. projets,malaises, cachotteries , petites crasses,grandes pétoches, ils tournent en rond dans cette sale petite vie d’occupés et mettent en pmle un curieux système de survie en morale pa elastique…. marcel aymé use de l’humour noir avec une nonchalance étudiée remarquable.blondin a dû le lire..on le voit notamment dans des notes acérées qui racontent en bas de pages (et petits caractères) le sort que le destin réserve à des personnages épisodiques,expédiés aux poubelles de l’histoire sans ménagement..aymé ne cherche jamais ne pas nous faire oublier la vraie trame de l’époque et n’édulcore rien. il y a du tranchant dans le tableau d’ensemble. il privilégie des employés un peu mornes, des professeurs, des concierges aux aguets, des putes étourdies, ou des jeunes couples d’amoureux qui derrière le brouillard de l’amour cn’en oublient pas les combines juteuses du marché noir.curieux mélange de tendre indulgence et de rappels brutaux à la chiennerie de l’époque. la traversée de paris l’auteur,enfin, ne se prive pas de pointer sèchement certaines conduites ignobles. notamment dans les bars louches en sous sol de pigalle où grenouillent grands truands petits lacombe lucien, allemands en goguette, au milieu des filles à manteau de fourrure pas regardantes sur la morale. mais jamais un mot plus haut que l’autre, et,bien sûr, toujours des dialogues savoureux dans la naïveté ou la logique du cynisme. . cet écrivain possède une prose claire, ductile, charmeuse, insinuante pour nous murmurer aussi la tristesse d‘être francais à cette époque. tout ceci vieillit parfaitement et ne prend pas une ride. aymé raconte l’époque avec une maturité distante-son élégance à lui- qui m’enchante, rehaussée par une virtuosité dans l’enchevêtrement de l’intrigue.. ces « gens du quartier ». offrent une belle galerie emblématique .il y a michaud, le père de famille sympa qui essaie péniblement de tenir une gérance immobilière .il croit avoir une conscience morale face à sa famille, notamment en ne virant pas une locataire , lina. elle, c’est une délicieuse juive polonaise abandonnée sans argent dans le grand appartement de son protecteur (parti courageusement se réfugier en province !..) elle parle,ardente et lucide, une curieuse langue d’immigrée, c’est -un des personnages les plus réussis !..- donc notre michaud essaie de faire vivre sa petite famille.il a un fils antoine qui,bon élève au lycée, devient un virtuose du marché noir(il revend des lots de cercueils..) et gagne dix fois plus d’argent que son père.. cet antoine « lycéen « gentil comme une fille » s’éprend de la jeune yvette, vingt-six ans, dont le mari(qu’elle n’a jamais aimé) est prisonnier en allemagne un grand amour que les autres voient plutot comme un « collage » anti-national. .là, on n’ est pas loin du « diable au corps » de radiguet. il y a lolivier, l’associé de michaud ambigu, qui préfère jouer avec une petite souris que de se confronter aux autres et à son fils sadique. l’histoire. d’un personnage, aymé dit : « il oscillait entre deux pôles impossibles à rapprocher. sa haine de l’allemand et sa gratitude pour les bienfaits de l’hitlérisme étaient plantées dans sa dure tète comme deux bornes. » c’est ce même malinier qui déclare : « ce que j’estime chez eux (les allemands) c’est qu’ils ont compris. discipline d’abord, il a dit hitler, et pas de discussion.la prison pour les communistes, et pour les juifs les barbelés. et plus de francs-maçons, et fini aussi les peintres cubistes et les déconnages de poètes. ». il reflète le sentiment ambivalent de pas mal de pétainistes de l’époque. qhr17 parfois, marcel aymé s’offre un portrait-minute plus cruel que les autres, la femme de malinier : « sa tête de rombière, malpropre et vulgaire, étalée sur l’oreiller au-dessus des photos accrochées au mur, qui évoquaient trente ans de sa vie de music-hall, trente ans de figuration, d’espérance rogneuses, de tentatives claquées, de vaines intrigues, de colères envieuses et de récriminations contre l’injustice du sort et des directeurs, pour ne rien dire des coucheries avec pierre et paul, le plus souvent intéressées et toujours inutiles ». ou, parfois, pour bien caractériser un personnage, l’auteur lui attribue des réflexions intimes en rapport avec son métier(ici un gérant d’immeuble) et les nouvelles données de l’occupation ; ça ne manque pas de saveur. « « dans ces rues sans vie qui ne leur apportaient plus de sève, les grands immeubles d’affaires faisaient déjà penser à des forteresses déclassées et le quartier semblait se survivre, d’un effort déclinant, dans une aube de dimanche éternel. au milieu de cette léthargie, michaud rêvait parfois aux vastes cités englouties dans les siècles, aux orgueilleuses babylones où la vie découragée avait perdu ses habitudes et renoncé enfin à disputer l’espace aux palais éboulés. » il y eut une adaptation du roman par le réalisateur michel boisrond, avec françois arnoul, bourvil, lino ventura et alain delon. pas vu. publié dans non classé | 24 commentaires le dieu sur la plage publié le 6 juillet 2018 par pauledel descendre l’escalier de la digue . espadrilles qui s’enfoncent dans le sable . le corps offert a la fraicheur de l’air reste encore stupide, empêtré dans quelques rêves anxieux de la nuit. babillages d’oiseaux dans les feuillages clapotis régulier des vaguelettes. l’uniformité calme de la mer et son fourmillement bleu de grand bassin étale du silence au large, aussi bien à l’est qu’à l’ouest. irradiations argentées vers le port. quelques nuages au large. le temps s’étire sur cette presqu’île et forme une spirale cyclonique suspendue et gazeuse dans l’azur…. c’est l’été 2014 dans la conque du temps. il retrouve ce léger décalage des choses qu’il connait dans ses premiers jours de vacances. il regarde les cartes postales avec des coiffes bretonnes ou des chalutiers colorés comme des jouets de bois sur le tourniquet de fer, et aussi les grappes de porte- clés avec des pompons, suspendus à un gros clou .plus loin des reflets ruissèlent un instant sur la devanture d’un salon de coiffure dès qu’une voiture passe. une belle journée, une belle journée se répète- t-il en croisant une femme trop forte qui porte un maillot de bain vert foncé avec des auréoles humides sur les fesses. elle a des jambes trop blanches et presque masculines. à une terrasse au chaises et tables blanches écaillées et marquées de rouille , des femmes papotent devant des bols de thé. elles ont toutes des visages tannés et creusés par le soleil ,avec bijoux clinquants ce qui les rend un peu tribu indienne en terre cuite avec amu